Les contradictions lorsque nous veillons notre enfant dans son sommeil…

À leur arrivée dans ce monde, les bébés sont particulièrement vulnérables. Ils ne peuvent pas manger seuls, se changer, ni aller au lit lorsqu’ils sont fatigués : ils dépendent entièrement de nous.

Et cette dépendance est magique en quelque sorte, car elle amène l’enfant à créer avec ses parents des liens d’amour inaltérables.

On ne naît pas parent avec un mode d’emploi, mais on devient le parent idéal, ajusté aux besoins de notre bébé, en l’observant, en l’écoutant, en le massant… en s’occupant de lui, jour après jour..

Cette vulnérabilité est donc un cadeau : elle nous pousse à veiller, avec empathie, et à ouvrir une nouvelle dimension du cœur… l’inconditionnel.

Sans conditions, nous surveillons notre enfant, surtout dans le sommeil. Démesurément parfois, comme si des dangers invisibles allaient surgir. Comme si le moindre mouvement révélait un inconfort, ou pire. Comme si s’autonomiser était synonyme d’abandon. Nous guettons notre bébé vulnérable, restons près de lui encore et encore…

Jusqu’à quel âge ? 8 mois ? 1 an ? 3 ans ?

Si c’est le cas, posez-vous cette question : pourquoi certains bébés demandent-ils à aller se coucher, suppliant leurs parents par un simple regard, d'aller les amener vers leur lit, leur chambre?

Tandis que d’autres redoutent ce moment, refusant que l’on quitte sa chambre, terrifiés par l’univers du sommeil ?

Souvent, ces derniers enfants ont grandi en voyant leurs parents continuer à veiller sur eux la nuit.

Et l’enfant conclut alors : si papa ou maman reste près de moi, c’est qu’il y a forcément un danger.

Pourquoi notre figure d’attachement resterait-elle près de nous sinon ? Ainsi, beaucoup d’enfants associent le sommeil au danger, car leurs parents, bienveillants mais inquiets, continuent de protéger physiquement leur enfant.

Depuis quelque temps, on nous répète que « le cerveau du bébé est immature ». Pourtant, dans le sommeil, nous agissons comme s’il était mature, en lui parlant de la notion de sécurité qui reste abstraite pour lui.

  • Papa peut dire : « Ne t’inquiète pas, tu peux t’endormir, je sécurise la maison, il n’y a aucun danger ! »

  • Maman peut insister : « Vraiment, mon petit, je t’aime de tout mon cœur, tu peux t’endormir, je fais confiance au sommeil… »

L’enfant ne comprend pas les concepts abstraits. Et ces paroles rassurantes contrastent avec les gestes qui suivent: rester près de l’enfant, lui tenir la main, le caresser jusqu’à ce qu’il s’endorme.

Vos actes dans le sommeil prouvent le contraire de votre message verbal initial : il est là, le fameux loup, qui fait peur !

En effet, c'est le propre de la petite enfance, que de ressentir et d'appréhender le monde par le biais de son corps, de ses sens ! Il apprend, il comprend par le biais de son corps, par le physique, le concret. Et si vos gestes veulent dire “Attention, danger, je reste là, je te protège pour que tu puisses t'endormir !”, il croira ce que son corps perçoit.

Et c’est "physio'logique"... !

Qui plus est, vous changez de positionnement en fonction de vos états émotionnels du moment.

Un soir, vous êtes déterminé, mais il n’a pas réussi à plonger avant un bon moment, alors qu’il était fatigué. Le lendemain, vous êtes hésitant. Le surlendemain, vous avez peur que ça recommence. Puis, vous êtes fatigué.e.s, vous n’en pouvez plus, vous voulez juste que ça s’arrête, vous êtes en colère…

Votre enfant est votre miroir : il sent votre hésitation et votre frustration face à son incapacité à s’endormir, face à ses pleurs. Nos micro-émotions — fatigue, stress, peur — se lisent sur notre visage et dans nos gestes. Nos enfants les ressentent et ajustent leurs comportements en conséquence.

Bref, ils sont ballotés en pleine tempête de signaux contradictoires. Et lorsque l’on est en pleine tempête, il est difficile de trouver le calme nécessaire, il est difficile de passer sur notre système nerveux parasympathique, qui permet ensuite la sécrétion des hormones du sommeil…

Je ne dis pas cela pour vous faire culpabiliser, bien au contraire ! Mon intention en tant que professionnelle de la petite enfance est de vous aider à comprendre pourquoi cette situation difficile tourne en boucle.

D'ailleurs, je pourrais le résumer ainsi : à chaque endormissement, à chaque réveil la nuit ou à la sieste, vous empruntez quatre chemins à la fois, qui s'entremêlent !

  • Le Chemin A : vos mots rassurants, pour expliquer que tout va bien, maintiennent l'état d'éveil.

  • Le Chemin B : votre présence physique, proche de votre enfant, prouve que “au cas où, s'il y a danger vous êtes présent" !

  • Le Chemin C : votre hésitation, votre fatigue ou votre agacement, amène votre enfant à observer vos différents états émotionnels de plus près, pour essayer de le déchiffrer !

  • Le Chemin D : vous laissez votre enfant vous guider selon son rythme naturel. Alors que ce rythme naturel est biaisé par la peur de dormir, et donc, le manque de sommeil. Comment peut-il s'accorder sur son réel rythme ?

Emprunter ces quatre chemins simultanément crée des contradictions.

Les bébés et jeunes enfants n’aiment pas les contradictions : ils ont besoin de clarté et de constance pour se sentir en sécurité.

Les pleurs aux endormissements reflètent alors à la fois l’interrogation et la colère face à ces incohérences, comme le souligne Anna Wahlgren dans son livre Au dodo les petits.

Emprunter ces 4 chemins différents, amène donc des contradictions. Les bébés et les enfants n’aiment pas les contradictions, car ça n’est pas clair, ça change, ils ne trouvent pas de repères qui se répètent, et on déteste tous le changement, car il n'est pas encore "sécurisant"…

Lors des changements, on doit constamment s'adapter. Et s'adapter, observer, vérifier, poser des questions par les pleurs c'est le contraire de ce dont à besoin le système nerveux pour dormir.

Je sais que vous allez me dire : "Mais Elodie, on fait toujours le même rituel pourtant!" Oui je sais, mais ensuite!? Quelle attitude? Quel comportement? Quel accompagnement des pleurs?

C’est subtil, c'est profond, et c'est ce que je propose de retravailler avec les parents en tant que consultante du sommeil, par le biais de mon accompagnement « Le Sommeil Physio’Logique en Confiance ».

Ce n’est pas une méthode à suivre à la lettre, c’est plutôt un chemin avec différentes étapes, pour que les petits puissent acquérir la certitude que le sommeil autonome n’est pas dangereux.

Ce qui changera réellement, c’est votre état d’esprit, vous deviendrez un « Gardien du sommeil » sécurisant pour votre enfant. En empruntant LE chemin qui conduira toute la famille vers de longs sommeils, en fonction d’où en est votre petit par rapport à son développement global actuellement.

Elodie Kuzminski,

Accompagnante du sommeil de bébé et de l’enfant en Confiance, Doula postnatale, et Auteure du livre « Le sommeil de nos bébés »


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