L'Allaitement en France...devenu compliqué pour les mamans semble-t-il!?
Aujourd'hui je souhaite vous parler d'une réalité trop fréquente et peu discutée : En France, nous faisons partie des pays occidentalisés qui allaitent le moins leurs bébés...
En 2017, le taux d'allaitement moyen était de 67,7 % - en sachant qu'il est de 22,8 % après les six mois du bébé, donc lorsque nous allaitons, ce n'est pas pour bien longtemps !

Je me suis souvent posée la question comment c'était possible, pourquoi on aidait pas plus les mamans pour qu'elles allaitent plus souvent et plus longtemps...les recommandations de l'OMS sont pourtant claires : Allaitement maternel exclusif jusqu'au six mois de l'enfant et un allaitement mixte jusqu'au deux ans !
Et pourtant...au bout d'un mois d'allaitement, une grande majorité des mamans se tournent vers le lait infantile. En effet, elles sont souvent confrontées à la lourde croyance de devoir « allaiter à la demande » pour « répondre aux besoins du nourrisson ».
Cependant, comme nous l'avons observé, de nombreux réveils en pleurs surviennent en raison des réflexes de stress, après les trois premières semaines ou le mois de vie de bébé, à la suite de son pic de croissance. De ce fait, les mères se retrouvent à allaiter fréquemment lors de réveils légers, sans pouvoir se reposer autant qu'elles en auraient besoin, tout en étant persuadées que « c'est normal ».
Cette injonction est aujourd’hui renforcée par un déséquilibre dans l’entourage des jeunes mères : les conseillères en lactation sont nombreuses, facilement accessibles et formées par des professionnels de santé, ce qui leur confère une légitimité médicale indéniable.
À l’inverse, bien que le sommeil soit un besoin physiologique fondamental du nourrisson — au même titre que l’allaitement — les consultantes en sommeil apparaissent souvent comme peu accessibles, et perçues comme moins légitimes, car elles ne sont pas issues du milieu médical, mais formées par d’autres coachs du sommeil. Toutes — moi y compris — se sont construites par leurs propres recherches, leurs expériences personnelles et professionnelles, et finissent par élaborer leur propre méthode. Alors comment
s’y retrouver ? Et comment être sûre de tomber sur la bonne personne ?
Quant aux pédiatres et professionnels de santé, leurs discours sont souvent contradictoires. Certains n’hésitent pas à tenir des propos blessants envers des mères déjà épuisées, comme : « Il faudrait maintenant laisser un peu pleurer votre bébé pour qu’il apprenne à s’endormir seul » ou encore « Il faut arrêter de l’habituer à s’endormir au sein ».
Selon elles : « Laisser pleurer un bébé nuit à son développement cognitif. Un bébé ne dispose pas des capacités mentales et émotionnelles d’un adulte ; le sommeil autonome ne peut s’acquérir avant 2 ou 3 ans. Répondre aux besoins de son enfant par sa présence et l’allaitement n’est en aucun cas une mauvaise habitude. »

Les mamans se retrouvent alors ballotées entre discours contradictoires et injonctions opposées. Et nous le savons toutes : la culpabilité maternelle est bien présente. Nous avons constamment l’impression de ne pas en faire assez, tout en nous comparant sans cesse aux autres — surtout sur les réseaux sociaux, où l’on se prête volontiers au jeu ! Ce schéma devient vite épuisant, surtout après une grossesse et un accouchement.
Sur le plan physique et hormonal, le fait de rester en permanence en état d’alerte, sur le système nerveux dit « sympathique », conduit à l’épuisement maternel, souvent entre le premier et le troisième mois de bébé. Les femmes dont le système nerveux est déjà fragilisé peuvent alors sombrer dans une dépression post-partum.
Sur le plan psychique, l’épuisement est plus difficile à détecter, mais bien réel. Lorsqu’elles allaitent, les mères portent à elles seules la responsabilité de la survie de leur enfant, une charge mentale et émotionnelle immense, difficile à supporter lorsqu’on manque de repos.
Franchement, il n’est pas surprenant que la France affiche l’un des taux d’allaitement maternel les plus bas parmi les pays occidentaux. Bien sûr, la reprise du travail trop précoce y contribue, mais au-delà de cela, il devient essentiel aujourd’hui de redonner toute sa place au sommeil dans la balance des besoins fondamentaux. C’est un enjeu de bien-être, non seulement pour les bébés, mais aussi pour leurs parents.
- Lorsqu’une mère allaite, l’intelligence de son corps — notamment son cerveau archaïque, ou reptilien — mettra tout en œuvre pour assurer sa propre survie. Ainsi, si elle atteint un état d’épuisement profond, à force d’allaiter à presque chaque micro-réveil, de jour comme de nuit, à partir des 4 ou 5 mois de son bébé, son corps finira par ne plus produire suffisamment de lait. Tout simplement parce qu’il n’aura plus l’énergie nécessaire pour nourrir l’enfant… s’il en manque déjà pour elle-même!
Ainsi, j’ai constaté, au fil de mes accompagnements, que les mamans qui ont le courage de poursuivre l’allaitement au-delà des 6 mois de leur bébé, alors que celui-ci entre dans les réflexes de vigilance et multiplie les réveils nocturnes, sont épuisées physiquement et moralement.
Par conséquent, les bébés essaient véritablement de combler leurs besoins nutritifs sur 24 heures, en tétant davantage la nuit pour apaiser la faim, ce qui pose trois problèmes principaux :
1) Cela entretient les réveils nocturnes. On entre alors dans un cycle sans fin, qui maintient l’épuisement chronique.
2) Les tétés de jours comme de nuit, deviennent plus courtes et moins rassasiantes, car le bébé tentent de rééquilibrer un manque bien réel
3) Avec l’épuisement, certains minéraux, comme le fer, deviennent déficitaires, d’autant plus si les mères ont été anémiées durant la grossesse.
Il est plus que temps de rééquilibrer les besoins physiologiques des mères et des bébés. L’allaitement et le sommeil ne sont pas des opposés, mais des besoins complémentaires. Si nous voulons vraiment soutenir les mères, il est essentiel de leur offrir des solutions globales, qui prennent en compte leur bien-être physique et psychique, et non pas seulement leurs besoins d’allaitement. Il est urgent de redonner sa place au sommeil, de sensibiliser les professionnels de santé et de créer des espaces où les mères ne se sentent pas jugées, mais réellement soutenues dans leur parcours.
Si vous aussi vous faites parties des mamans épuisées par un allaitement trop fréquent, de jour et/ou de nuit, que votre bébé dort mal et que vous sentez le besoin d'aide, n'hésitez pas à vous inscrire au à l'Atelier de la Magie Hormonale du Sommeil ou bien à lire mon livre !
En attendant, j'espère que cet article vous a plu.
Prenez bien soin de vous et de vos petits bouts de chou.
Elodie Kuzminski,
Consultante du sommeil de bébé et de l’enfant,
Doula postnatale et auteure du livre « LE SOMMEIL DE NOS BÉBÉS »

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